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Les bots et la politique : de nombreux cas d’usages de l’information à la désinformation

par | 8 octobre 2020

bot politique

La révolution numérique poursuit sa marche en avant et irrigue tous les pans de la société, pour le meilleur comme pour le pire. Il en est ainsi dans un domaine inattendu, celui des élections. On se souviendra de l’utilisation des hologrammes par un candidat aux dernières élections, conférant à son auteur le don d’ubiquité. Moins spectaculaire mais plus subreptice, l’usage des chatbots lors de la campagne présidentielle prête plus à discussion.

1. Définition du « bot politique »

Un chatbot ou bot conversationnel est un logiciel imitant la communication humaine, à la différence près que ses capacités surpassent celles des personnes ordinaires. Le bot politique est utilisé à diverses fins. Il peut permettre de donner des informations sur un candidat ou son programme lors de la campagne électorale. Il consiste également à laisser des commentaires favorables sur le réseau social d’un candidat, de conférer à une publication une portée plus importante de manière artificielle ou encore de cibler certains opposants par des commentaires automatiques. Il s’agit donc d’un puissant levier d’audience sur la Toile, voire d’une technique de manipulation de l’opinion publique.

2. Du côté obscur de certains usages du bot conversationnel

Si le chatbot est principalement connu pour l’automatisation d’une partie de la relation client, il a, depuis 2010, pris de nouvelles orientations en intégrant la sphère politique. C’est à cette date en effet qu’émerge, pour la première fois, l’usage de chatbot lors de la campagne présidentielle, notamment sur le réseau social Twitter. L’actuel Président des Etats-Unis, Donald Trump, confesse d’ailleurs qu’il n’aurait pas gagné les élections sans ce réseau social, ce dernier étant de surcroît accusé d’avoir artificiellement amplifié son influence par l’utilisation de bots. Il s’agit là de l’un des rôles que peut avoir le chatbot, celui d’influer sur le jeu politique.

Dans un article du New York Times, l’avocat Jamie Susskind affirme que les Chatbots sont un danger pour la démocratie. Il considère qu’il faut pouvoir identifier, disqualifier et réguler les chatbots avant qu’ils ne détruisent les discours politiques. En d’autres termes, les chatbots seraient utilisés pour la désinformation politique, ce contre quoi il faudrait lutter. Toutefois, selon le juriste, la plupart de ces bots conversationnels ne peuvent tenir que des niveaux de conversations passables, voire grossiers. Mais leur impact en matière de désinformation ne doit pas être négligé, notamment en raison de leur capacité à utiliser le traitement du langage naturel (NLP). Le NLP, en permettant d’imiter l’humain, est susceptible de détourner le processus politique (Source : www.nytimes.com/2018/12/04/opinion/chatbots-ai-democracy-free-speech.html )

3. Des bons usages du bot conversationnel en politique

Les Chatbots peuvent aussi être employés de façon légitime et transparente. C’est le cas, lorsqu’ils ont pour objectif de fournir des informations sur un candidat, son programme ou un parti politique. Lors de la dernière campagne électorale présidentielle française, le candidat du parti socialiste Benoît Hamon a utilisé cette technologie en ce sens sur le réseau social Facebook. Le « Botnoît », ainsi nommé, était programmé pour communiquer des informations sur le programme du candidat. Certains commentateurs estiment que l’utilisation de bots en politique est amenée à se banaliser. C’est d’ailleurs le cas. Nombreux sont les personnages ou les partis politiques français à avoir mis en place leurs propres bots sur les réseaux sociaux.

4. Les bots et l’intelligence artificielle

Tous les bots ne sont pas équivalents. Ils se distinguent par leurs caractéristiques, la technologie qu’ils emploient ou bien leur finalité : spambot, botnet, robot d’indexation, facebook bot…) Ainsi, les bots conversationnels traditionnels restent limités dans leurs réponses, en ce qu’ils fonctionnent avec un ensemble de données prédéfinies. C’est donc aussi la quantité de données prédéfinies par l’humain qui détermine la capacité de ce type de bots. Ces données peuvent être textuelles, sonores ou même figuratives. Au contraire, certains chatbots intègrent l’intelligence artificielle (IA). Ils sont alors capables d’interpréter une demande en langage naturelle ou NPL, en s’affranchissant des réponses prédéfinies. Toutefois, le chatbot intégrant l’IA est plus complexe à mettre en place, car il implique de passer au machine learning. Cette méthode nécessite la constitution d’une base de données, laquelle sera automatiquement analysée par un algorithme. L’une des dernières innovations en la matière tient à l’analyse des sentiments, qui est une sous-composante du traitement du langage naturel et de l’apprentissage automatique. Les chatbots les plus perfectionnés sont par conséquent capables de traduire les émotions et les humeurs humaines. Une fonctionnalité prometteuse qui ne sera pas pour déplaire à nos politiques !